CORONA #RestezChezVous

CORONA #RestezChezVous

Sincère intention de protéger les soignants et les plus fragiles ou alibi de communication pour masquer le dépassement de l’Etat devant  l’ampleur du problème  ? Nous sommes en droit de nous poser la question.

C
omme nous sommes nombreux à le dire, le temps n’est pas à la polémique, mais à la responsabilité de chacun-e, et, notamment, en respectant la consigne de confinement et les consignes d’hygiène et de distanciation, il en va de la santé de toutes et tous. Pour autant, il y aura à tirer des enseignements de la gestion de cette crise, car gouverner ou gérer c’est anticiper. Les manquements d’aujourd’hui et des décennies précédentes auront à être analysés, peut-être et sûrement jugés, mais ça, ce sera après…

 

Protéger les soignants, réalité ou pas ?

Les soignant-e-s sont les premier-e-s à être exposé-e-s, envoyé-e-s au « front », pour reprendre les termes guerrier du Président de la République que je réfute, nous ne sommes pas en guerre. Sans les avoir entendus depuis des mois, des années, a-t-on pour autant penser à les protéger en amont quand l’épidémie allait inexorablement arriver en France ? Non, vu le manque de masques, de matériel en général, … Malgré la grève des urgences, des alertes données par le corps hospitalier depuis des mois, qu’a fait de signifiant ce gouvernement pour protéger les gens qu’ils n’entendaient pas en décembre, et qui sont devenus des héros de la nation en mars…

Ah oui ! Et pourquoi en mars, alors que l’OMS en avait informé tout le mois de février, alors que même la ministre de la santé du moment avait alerté le Président Macron et le Premier Ministre bien avant, dit-elle ?

L’idée de devoir reporter les élections ne plaisait pas à la majorité, comme à certains partis. La campagne électorale était engagée, elle coûte cher au contribuable, il semblait qu’il n’y avait aucun danger à aller voter, mais par contre, le 15 mars arrivant, on a pu commencer à fermer les écoles, puis les cafés, restaurants, cinémas et théâtres. Les rassemblements supérieurs à 5 000 personnes interdits, puis à cinquante, et maintenant à cinq, si certains le font encore…

 

Le 16 mars, nous apprenons l’annonce du confinement au lendemain 12 heures…

Tant d’injonctions contradictoires, tant de perches à déroger à la règle avant l’heure. Je suis personnellement furieux sur le fait que ces flottements du gouvernent a permis aux habitants de l’Île-de-France, et de Paris en particulier, ceux qui en ont les moyens, de fuir leur région et de rejoindre leur résidence secondaire. Ils ont ainsi potentiellement essaimé le virus un jour après l’annonce du confinement sur tout le territoire, ajoutant du risque au risque, migrant vers des zones rurales mal dimensionnées au niveau sanitaire, pour ces habitant.e.s éphémères. 17 % des Franciliens, soit 1 millions 700 000 personnes quand même…

Comment les français peuvent-ils comprendre qu’il faut se confiner au moins quinze jours chez soi, alors que la veille il n’était pas dangereux d’aller voter.

Alors oui, il faut rester chez vous, pour protéger les soignant-e-s et les personnes les plus fragiles, car notre conscience et notre responsabilité doit être au dessus de celle de nos gouvernants, d’hier et d’aujourd’hui, qui semblent regarder d’autres intérêts…

 

Mais qui sont les plus fragiles, et selon qui ?

Les personnes âgées, premières victimes en termes de nombre de décès liés au Covid 19, sacrifiées d’avance au vue du faible résultat de guérison pour cette catégorie d’âge. Les Ehpad, Établissement pour personnes âgées dépendantes, sont eux aussi en sous effectif structurels depuis des années, alors que la moyenne d’âge dans les Ehpad n’a cessé d’augmenter, augmentant aussi les formes de dépendances, les actes à effectuer auprès de ces personnes. Comment sans moyens, ces soignants, eux aussi sans masques dans un premier temps, pouvaient-ils éviter l’arrivée du coronavirus dans leurs murs ? avec des interdictions de visites et mesures de protections, mises en place, une fois de plus, bien trop tard (avec dérogation pour aller voter ou procuration, les mettant en contact avec des personnes extérieures, avec un soupçon légitime sur  l’orientation des procurations dans de telles conditions). L’hécatombe programmée se concrétise aux quatre coins du territoire, alors que l’hôpital public ne peut déjà plus les accueillir, les Ehpad sont peu à peu, dans cette crise, en train de se transformer en service de soins palliatifs, avec interdiction aux familles d’accompagner leur dernier souffle, leur dire au revoir post mortem, ils auront seulement le droit à une cérémonie de 5 personnes, si, excusez moi l’expression crue, la logistique et les principes de précaution le permettent, la grande majorité n’aura pas cette occasion. Pour en rajouter, s’il le fallait, nos aînés morts chez eux ou en Ehpad du coronavirus, ne sont même pas comptés dans les chiffres annoncés tous les soirs par le Directeur Général de la Santé, des dommages collatéraux, où pari sur l’avance d’une mort programmée, inéluctable un jour, donc à la marge ?

Quand je vois les images du Maire de Nice, pour ne pas le citer, en train de voter, puis en photo dans un Ehpad à quelques centimètres d’une femme de plus de 80 ans, puis quelques jours plus tard nous annoncer qu’il était dépisté positif au Covid 19… Preuve que l’élection n’était peut être pas la meilleure des idées, y compris pour les élu-e-s ou candidat-e-s, pour les assesseurs et autres scrutateurs, combien de ces gens ont des facteurs de risques ou pouvaient ils être contagieux ? C’était jouer avec le feu, maintenant les gesticulations des uns et des autres paraissent être celles de pompiers sans eau face à cette « pandémie-incendie ».

 

Les personnes en situation de handicap, et leurs aidants, appelées à se dém… !

Pour commencer, à propos des personnes en situation de handicap, preuve que la priorité, contrairement à ce qui est clamé et proclamé, n’est pas à leur protection, une instance représentative des Sourds et malentendants a dû se plaindre que les premiers discours d’alerte sur le coronavirus n’étaient pas doublés de l’interprétation en Langue des Signes Française. Des interprètes ont depuis été mobilisés et les français ont même découvert la vélotypie, méthode de sous-titrage en direct. Même l’accessibilité à des messages d’alertes sanitaires n’est pas un réflexe, alors qu’attendre du reste ?

Les personnes handicapées sont des personnes avec des facteurs aggravants ou de comorbidités, comme il devient coutume de dire, et sont habituées aux confinements forcés depuis bien longtemps, habituées à l’isolement pour la plupart, ils doivent se protéger en conscience. Là encore, rien d’anticipé, avec un secteur de l’aide à domicile déjà sinistré à bien des égards, nous devons rester confinés, et si possible, nous passer des aides à domicile, à réserver aux patients très dépendants de ces services, mais aussi au risque de nous mettre en danger, les aides à domiciles n’auront dans la semaine au mieux, 6 à 9 masques par semaine. Nous ne sommes de fait pas protégés, les aides à domicile voient parfois plus de six usagers par jour… Ensuite, nous le savons, ou j’espère que les personnes en situation de handicap en sont conscientes, les services hospitaliers sauveront les personnes ayant le plus de chance de s’en sortir, ce qui exclut beaucoup d’entre nous, alors, restons chez nous, et ne comptons que sur nous mêmes pour faire appel aux solidarités diverses dont nous pourrions avoir besoin, et ainsi nous protéger au mieux.

 

Et pour les éternelles cachées de la République

Pour les personnes handicapées en institution, pour éviter la situation des Ehpad, certaines ont été tout simplement fermées, laissant leurs familles dans un désarroi plus ou moins important pour des situations diverses qui ne permettent pas toujours d’assumer un adulte handicapé à domicile au delà de quelques jours. C’est aussi ne pas considérer les besoins de ces personnes à des activités adaptées. Les pouvoirs publics déclarent que les programmes d’accompagnements seront poursuivis même à domicile, existent-t-il ailleurs que dans les textes ??? À l’intérieur des institutions médico-sociales, certains résidents sont malades, comment sera gérée cette crise dans ces établissements? dont seuls les soignants et encadrants sont maintenant en mesure de témoigner, eux aussi mal équipés, mal préparés à ces situations non anticipées, avec des protections du personnel inexistantes. Doit on accepter que ces personnes soient les éternelles oubliées de la République ? Il faudra vraiment revoir les conditions de vie dans ces institutions et comment on envisage de traiter de telles crises à l’avenir.

 

SDF : restez chez vous !

Que dire, y compris en terme de santé public et du risque de contagions du Covid-19, pour les SDF ? dont certains ont même été verbalisés pour ne pas avoir été confinés à leurs domiciles… on croit rêver, d’un mauvais rêve, d’un cauchemar ! Les pauvres migrants déjà en situation d’extrême vulnérabilité et de précarité sur notre territoire, qui ont fui leur pays en guerre ou en situation de famine, et qui se retrouvent dans nos pays dits « civilisés », sans qu’aucune solution signifiante pour ces populations ne soient envisagée, ou bien tard, si ce n’est très mal. Le gouvernement a su réquisitionner des villages vacances, au début de l’épidémie, pour les personnes revenant de régions contaminées dans le monde. Nous avons un nombre important de ces structures, même la Caisse Primaire d’Assurance Maladie en possède, sans compter les nombreux comités d’entreprises, souvent des très très grandes entreprises françaises, ou du secteur de l’éducation populaire. Combien de complexe hôteliers ou de vacances pourraient servir ? A qui sert cette inertie criminelle ?

Je pourrais continuer la liste de nombreuses autres catégories « d’invisibles », mais je crois que ces éléments suffisent, s’il le fallait, à montrer les carences de notre gouvernement, mais aussi de notre modèle de société, de cette économie qui veut économiser sur la santé et contre les plus vulnérables d’entre nous. La crise sanitaire va impacter, accentuer, une fois de plus, la crise sociale que vivent déjà depuis trop longtemps les personnes les plus vulnérables, les plus précaires.

Alors que nous allons payer un très cher bilan humain dans le monde entier, le crise pandémique n’a été prévue, avec pour seule raison la rigueur budgétaire, loin de l’obligation de penser et mettre en place de véritables politiques de santé public et de préventions des risques. Et nos gouvernants trouvent des milliards pour sauver l’économie, alors que la préparation aux risques se compterait en millions, que la santé et l’hôpital public réclament des moyens depuis des années…

Pour moi la preuve est là, ce système n’est pas prévu pour sauver les plus fragiles, mais pour préserver l’argent et l’intérêt de quelques uns de ce système libéral mondialisé. Nous sommes de simples alibis au respect du confinement, pas à notre protection, ou alors, c’est vraiment raté… !!!

J’espère sincèrement être encore là après cette pandémie, pour être de ceux qui défendront et proposeront un modèle social qui aurait d’autres bases, d’autres valeurs, mais ça, ce sera après…

Ajout d’actualisation : j’ai écrit cet article le 28 mars, il aura fallu attendre le 4 avril pour que le ministre des Solidarités et de la Santé et la Secrétaire d’État aux personnes handicapées tienne une conférence de presse pour annoncer des mesures de protection des personnes en situation de handicap…