Extinction Rébellion (XR)

Extinction Rébellion (XR)

Carte blanche à Extinction Rebellion (XR)

 

I – TRIBUNE

 

Extinction Rébellion (XR) n’est pas un mouvement pour le climat.

Ni une association de lobbying environnemental.

Extinction Rébellion n’a comme fin ni de dénoncer, ni d’influencer.

Nous sommes une rébellion internationale contre l’extinction du vivant.

 

L
es deux grands rapports commandés par les Nations Unies, celui du GIEC en 2018 et celui de l’IPBES en 2019, sont clairs : si nous ne changeons pas très rapidement et très radicalement nos modes de vies et de production, le dérèglement climatique et la destruction des écosystèmes en cours nous mèneront à une situation de chaos mondial dans les décennies à venir. L’extinction totale de l’humanité et de 97 % des espèces végétales et animales actuelles est le scénario qui se profile pour la génération de nos enfants si l’emballement climatique se déclenche et génère ce que les scientifiques appellent une planète étuve (hothouse Earth).

Personne ne sait à quel stade ce scénario peut se déclencher. Peut-être à 2, 3 ou 5 °C d’augmentation des températures moyennes, selon les modèles… Parier, comme le font aujourd’hui les gouvernants et les dirigeants des entreprises les plus polluantes, qu’une augmentation de la température de 3° n’aura pas de conséquences majeures – et qu’on peut donc continuer comme aujourd’hui encore dix ou quinze ans – est le jeu le plus insensé de l’histoire de l’humanité.

Notre civilisation, fondée sur un mode de vie consumériste et une économie de croissance infinie et exponentielle, n’est pas à mettre en question : elle est déjà condamnée. Le monde comme nous l’avons connu et comme nous le connaissons n’a plus que quelques années devant lui, que nous le voulions ou non, que nous soyons dans le déni ou non. La vraie question est : combien d’années encore ? Cinq, vingt, trente ? De la réponse dépendra le paysage de notre avenir. De notre capacité à remettre en question nos habitudes et notre confort moderne dépendra notre survie.

En tant que rébellion, nous désavouons l’autorité de tous les gouvernements qui protègent ou tolèrent ce système en voie d’autodestruction. Cela veut dire que nous n’obéirons plus aux lois de ces gouvernements et que nous sommes prêts à en assumer les conséquences.

Nous refuserons désormais de nous soumettre à des systèmes de gouvernance au sein desquels les intérêts privés font la loi, par le biais des copinages et pantouflages, des lobbies surpuissants, et du rachat massif par quelques fortunes de la quasi-totalité des médias.

Nous pensons que le peuple est la seule autorité souveraine capable de prendre et d’appliquer les mesures nécessaires pour nous sauver. Notre but est donc de restaurer une véritable démocratie.

Nos revendications tracent les contours de notre stratégie :

 

Dire la vérité !

Nous appelons les gouvernements et les médias à dire la vérité sur l’état catastrophique de la situation. Au niveau des États, des régions et des villes, nous appelons les élus à déclarer officiellement un état d’urgence écologique. Au niveau des médias, nous appelons à une diffusion massive et permanente des informations sur la catastrophe en cours, considérant que c’est de loin le sujet le plus grave de toute l’histoire de l’humanité : il devrait faire la une de tous les journaux papier, télévisés ou en ligne, tous les jours !

Agir maintenant !

Nous demandons premièrement l’atteinte de la neutralité carbone en 2025 par une descente énergétique planifiée, et deuxièmement, l’arrêt immédiat des écocides.

Ces objectifs sont extrêmement ambitieux mais profondément nécessaires si nous voulons garder une perspective d’avenir à court terme (autre que de migrations de masse, de famines, de guerres et d’épidémies).

 

Dépasser la politique !

Le problème auquel nous faisons face concerne chaque être vivant de la planète. Il doit donc être élevé au-delà du débat politique classique et de ses idéologies. Nous ne sommes pas face à un choix de société, mais face à un choix binaire, entre la vie et la mort, entre une société régénératrice ou pas de société du tout. Nous exigeons donc la mise en place d’une assemblée citoyenne tirée au sort en charge de déterminer les moyens à mettre en œuvre pour atteindre nos objectifs.

 

Nous suivons une stratégie d’escalade de la rébellion, qui commence par des actions symboliques de communication, et vise à aboutir dans les capitales à des blocages pacifiques et joyeux, massifs et de longues durées. Faire le choix de la désobéissance civile non violente, c’est considérer, à la suite de La Boétie, Thoreau, et leurs successeurs, que le pouvoir de l’État n’existe qu’en tant que nous lui obéissons.

L’histoire nous montre que c’est de cette manière que les grands bouleversements adviennent !

 

Quiconque suit nos principes et valeurs et porte nos quatre revendications est Extinction Rébellion.

 

Rejoignez-nous !

https://extinctionrebellion.fr/

Pour approfondir ces questions, vous pouvez regarder cette vidéo de Gail Bradbrook qui commence par un état des lieux entièrement sourcé de la situation écologique actuelle, et enchaîne sur la stratégie d’Extinction Rébellion (50 min).

 

Un grand merci au Bruit des Arbres pour nous avoir offert cette première carte blanche !

Avec Amour & Rage !

 

Extinction Rébellion

 

II- PORTRAITS D’ACTIVISTES

Peux-tu te présenter rapidement ?

J’ai 36 ans, je suis mariée et maman d’une petite fille de 5 ans. Avant, j’étais chercheuse en croquettes pour chat. Je gagnais bien ma vie, j’avais une belle maison et des collègues sympas. Mais je me suis toujours sentie décalée dans ce travail, n’arrivant pas à comprendre comment on pouvait dépenser autant d’énergie, de temps et d’argent à disséquer des croquettes. J’en ai eu assez de faire semblant de trouver ça important.
Avec mon mari on a décidé de changer de vie. J’avais le projet de devenir artiste peintre dans cette nouvelle vie, ça m’aurait beaucoup plu.
Mais depuis on a pris conscience que, de gré ou de force, notre mode de vie allait radicalement changer dans les prochaines années.
On a fait le deuil de notre futur, pour en reconstruire un plus résilient et plus respectueux.
On espère pouvoir s’installer d’ici un an comme maraîchers, construire un havre de biodiversité, ramener la vie et la protéger, et nous nourrir sans épuiser la terre.

 

Pourquoi as-tu rejoint Extinction Rébellion (XR)? Qu’attends-tu du mouvement ?

J’ai rejoint XR car tous les moyens classiques (vote, marche pour le climat, pétitions…) ne suffisent pas à faire bouger les choses. Je suis effarée de l’inaction politique et j’ai bon espoir qu’XR parvienne à faire prendre conscience à la population de l’urgence de sortir de ce système délétère et à faire pression sur nos représentants.

 

Comment t’impliques-tu / veux-tu t’impliquer dans le mouvement ?

Enfin je vais pouvoir rendre ma passion utile : je vais dessiner et peindre pour XR. Et évidemment participer aux actions sur le terrain.

Peux-tu te présenter rapidement ?

J’ai 48 ans. Je suis ingénieur dans l’automobile depuis plus de 20 ans ce qui m’a emmené aux États-Unis, au Japon et en Chine. Mon bilan carbone est donc affreux… Je viens de quitter mon emploi car je n’y trouvais plus de sens.

 

Quand as-tu rejoint le mouvement ?

Le 16 mars lors de la marche du siècle, un manifestant m’a ouvert les yeux en me parlant d’extinction massive des insectes, d’effondrement prochain et des bunkers de l’apocalypse que se construisent les super-riches en Nouvelle Zélande. Je n’en dormais plus ! Je vivais un effondrement personnel ! La recherche d’information sur internet m’a fait découvrir XR que j’ai rejoint aussitôt, juste à temps pour assister à la Journée de Déclaration de la Rébellion. Ne pas être seul et être dans l’action fait beaucoup de bien. Je suis aussi devenu végétarien et j’ai renoncé à prendre l’avion. En rejoignant XR, je rentre en résistance. En 1940, des femmes et des hommes courageu.x.ses sont entrés en résistance. Ils défendaient la liberté au péril de la torture et de leur vie. En 2019 je rentre en résistance pour défendre une cause encore plus grande que la liberté : le vivant ! Et ceci seulement au péril de mon confort matériel. J’ai rarement pris une décision aussi évidente.

 

Penses-tu qu’Extinction Rébellion peut apporter le changement ?

John Lennon a dit que la non-violence et l’humour étaient les seules choses que le pouvoir ne savait pas gérer. Mandela, Gandhi et Martin Luther King ont réussi avec la non-violence. Pourquoi pas nous ?

Par ailleurs, la situation en France est explosive. Il y a les gilets jaunes, les jeunes qui font grève et marchent pour le climat et des collectifs comme le nôtre qui prônent la désobéissance civile non violente (et remplie d’amour).
Si nous réussissons une convergence, nous irons loin ! Notre mouvement s’appuie sur des valeurs partagées et 4 revendications claires qui peuvent fédérer beaucoup de monde.

 

Peux-tu te présenter rapidement ?

Je m’appelle Pauline, j’ai 30 ans et je vis à Paris depuis une dizaine d’années après une enfance dans le Sud Est. Passionnée de nature depuis petite, j’ai toujours été très concernée par l’état de notre planète et plus particulièrement de notre biodiversité.

Après une école de commerce, j’ai rejoint Makesense. Une communauté internationale qui donne les outils à chaque citoyen d’agir sur les causes qui lui tiennent à cœur. J’y dirigeais une équipe en charge d’aider les grandes entreprises à se transformer pour devenir plus sensibles au social et à l’environnement. Devant l’urgence de la situation, j’ai choisi d’arrêter cette activité pour me dédier à l’activisme.

 

Pourquoi faire le choix de la désobéissance civile non-violente ?

Après avoir travaillé cinq ans dans la création de communautés de citoyens, je suis convaincue de la puissance de l’action collective. La taille des enjeux est tellement impressionnante que seul le collectif peut donner le courage de passer à l’action.

Enfin, après avoir travaillé sur la réforme de notre système en aidant les grands acteurs à se transformer, j’en suis arrivée à la conclusion que seule l’action directe et radicale était à la hauteur des enjeux actuels. Il devient de plus en plus difficile pour moi de m’accommoder de ce système injuste qui détruit le vivant. Lorsque je me questionne profondément sur ce qu’il me paraît le plus juste de faire sachant ce que je sais, il me semble que c’est la désobéissance civile.

Enfin, je suis profondément non violente. Le système qui nous a menés dans cette impasse repose sur la dualité, la séparation et la violence, nous ne pouvons pas l’attaquer à l’endroit où il est le plus fort. Alors il nous reste la non-violence. C’est ce qui me paraît le plus juste, et le plus viable stratégiquement.

 

Tu peux nous parler un peu de Culture Régénératrice ?

Le développement d’une culture régénératrice, au sein et à l’extérieur du mouvement, est un des piliers d’Extinction Rébellion, et c’est la raison pour laquelle j’ai choisi ce mouvement.
Aujourd’hui, nous vivons dans une culture destructrice du vivant et du sauvage, où qu’il se trouve : sur la planète, chez celui qui ne nous ressemble pas, mais aussi à l’intérieur de nous-même. Face aux séparations, nous avons besoin de soigner les relations à nous-mêmes, à l’autre et avec le vivant dans son entièreté.
Comment pouvons nous mener des actions radicales dans la joie et la bonne humeur ?
Comment pouvons nous permettre aux activistes de trouver des moments de régénérations pour prendre soin d’eaux ?
Comment pouvons-nous nous assurer que nos actions, dans la manière dont nous les menons, prennent en compte la protection du vivant ?
Voici les questions que pose une culture régénératrice.

Une culture régénératrice est une culture ouverte qui permette à chacun de se sentir accueilli, qui se préoccupe d’assurer une vraie diversité dans l’unité. Une culture régénératrice est une culture bienveillante, qui permette des interactions respectueuses malgré les désaccords, qui laisse une place aux émotions. Une culture régénératrice est une culture résiliente, qui s’appuie sur la responsabilisation de chacun et qui questionne les jeux et accumulation de pouvoirs.

 

Qu’est-ce qui t’a amené à rejoindre Extinction Rebellion ?

Le désespoir. C’est-à-dire, précisément, la fin de l’espoir. Ce moment de bascule où l’on admet enfin que l’avenir que l’on avait imaginé jusque-là, pour soi et ses proches, n’existe pas. Continuer notre vie actuelle n’a plus de sens une fois cet avenir disparu.

 

Extinction Rebellion te donne de l’espoir ?

Non, du sens. Une fois que l’espoir est perdu, la lutte devient la seule chose sensée. Je n’espère rien, l’espoir n’existe pas sans la crainte, j’essaye de ne plus espérer ni craindre, mais de faire ce qui me semble juste. J’essaye d’au moins faire moi-même ce que j’aimerais que le monde entier fasse.

 

Pourquoi la lutte ?

Si nous étions en guerre, et qu’un ennemi s’apprêtait à détruire les provisions de nourriture de tout le pays pour les années à venir, ça n’aurait aucun sens de continuer son train-train quotidien en tournant la tête pour ne pas voir, n’est-ce pas ? On arrêterait tout. On se battrait pour l’en empêcher. Pourtant, c’est exactement la situation dans laquelle nous sommes, à ceci près que nous n’avons d’autres ennemis que le système que nous faisons fonctionner, malgré nous, au quotidien. Que cette lutte soit un succès ou un échec dans le futur est secondaire, la lutte est le seul mode de vie qui garde un sens sous cette perspective.

Pour finir, beaucoup de gens qui sont sortis du déni se sentent très seul. Leur vie s’effondre, perd tout sens. Tous les problèmes qu’ils pensaient avoir n’en sont plus, et de nouveaux problèmes prennent toutes la place : nous n’aurons bientôt plus de nourriture, plus d’eau, plus d’électricité, plus de soin, plus de moyen de transport, des millions de gens vont mourir si nous n’agissons pas. Ça ne laisse plus de place au tracas du quotidien et aux projets de voyages de ses amis. Ça isole. On a l’impression de devenir fou, alors que c’est le monde qui l’est. Dans la lutte, on rencontre des gens pris dans le même imaginaire, on se donne des forces, on prend soin les uns des autres, on construit des amitiés.