Cévenol.e.s historiques et néoruraux sont dans un même bateau… et personne ne tombe à l’eau.
Des néoruraux aux Cévenols historiques, les identités dialoguent, elles se culbutent et s’entremêlent.
Oui il y a de la défiance, quand les premiers reprochent aux seconds un certain manque d’ouverture, alors que les seconds reprochent aux premiers de bouleverser, peut-être trop rapidement, les codes qui composent depuis plusieurs générations la vie montagnarde. Mais sous le terreau de la défiance surgit une donnée qui séduit jusqu’aux pensées les plus arides : l’interdépendance. Car, aux creux des discours, à l’ombre des postures, se cachent des liens érodés bientôt, on l’espère, reconstruits : les nouveaux arrivants ont besoin de la transmission du territoire dont sont gardiens les anciens, alors que les néoruraux apportent la possibilité d’un futur territorial.
Ces rencontres touchent au cœur, elles formulent une nouvelle histoire : si les élections sont bien sûr importantes dans la transition sociale, à un autre niveau encore, se situent, je le crois, les récits de vie. Eux seuls, par les interdépendances dont ils sont à la fois la source et le résultat, peuvent donner de l’espoir à un territoire. Eux seuls peuvent profondément changer le monde.
Damien Deville est géo-anthropologue et coprésident de l’association Ayya.