Pourquoi faut-il chercher à converger ?

Pourquoi faut-il chercher à converger ?

Carte blanche à Matthieu Ponchel, photographe et réalisateur. Parallèlement à son parcours de militant à EÉLV, il est un des animateurs du Collectif écologiste radical de transformation politique et sociale “Climat Social”.

 

Des fondements de l’écologie sociale à la nécessité de converger

L
‘Histoire de la gauche c’est l’histoire d’une lutte constante contre la domination. Domination du capital sur les hommes, domination du propriétaire sur le travailleur, domination de l’impérialiste sur l’opprimé, domination de l’homme sur la femme, du blanc sur le noir, du riche sur le pauvre, etc.

Être de gauche, c’est défendre l’idée du commun. C’est se battre pour plus d’égalité et une plus grande justice sociale. C’est énoncer haut et fort que toutes les vies se valent. Au fond, c’est placer l’humain dans toutes ses diversités et dans sa dimension collective au centre des décisions politiques.

Et quoi qu’en disent les partisans d’une « troisième voie », la véritable écologie politique part de là, prend racine sur ces valeurs. La différence, c’est que l’écologie politique défend la notion de vivant plutôt que l’anthropocentrique ‘humain’. Mais l’idéal recherché est le même : un meilleur vivre ensemble, une société plus juste, plus équilibrée.

C’est comme si l’écologie politique, d’une certaine manière, c’était la gauche 2.0. C’est le logiciel de l’émancipation remis à jour avec les problématiques de notre temps et élargies à notre environnement global. C’est à la fois un prolongement idéologique des grandes idées de ‘gauche’ et un nouveau paradigme. Les luttes pour le commun, si elles peuvent parfois se contredire, jamais ne s’opposent.

 

Si certains hommes en dominent d’autres, n’y aurait-t-il pas un lien avec la domination de l’homme sur la nature ?

Des sociétés fondées sur la hiérarchie entraînent forcément des dominations. Dénoncer ces mécanismes systémiques, c’est poser les bases de l’écologie sociale.

L’émancipation individuelle dépend intrinsèquement de la refondation profonde de notre rapport à la domination et à la nature. Tout est lié. « Fin du mois, fin du monde, même combat ». Lorsque l’on réfléchit au climat, on repense le social et vice versa. Atténuer le réchauffement climatique, c’est réduire le déplacement massif de populations et éviter la destruction de millions de communautés. Isoler thermiquement les logements, c’est agir efficacement contre la précarité. Promouvoir le train, c’est recréer du lien et lutter contre le dérèglement climatique. Tout est lié.

 

Un riche pollue beaucoup plus qu’un pauvre.

C’est une réalité qu’il faut marteler puisque cela raconte à la fois l’état du monde et ses dysfonctionnements et injustices profondes. S’attaquer aux inégalités, c’est s’attaquer à certaines racines de la crise écologique.

Ne nous laissons donc pas berner par celles et ceux qui aimeraient cloisonner les luttes, parceller les imaginaires. Il n’y a pas 36 écologies possibles. Soit on transforme la société de fond en comble pour résister ensemble à la crise qui s’accélère et mettre en œuvre collectivement un monde plus juste, plus sobre et plus solidaire, soit nous acceptons résignés l’ordre mortifère des choses, les petits pas et autres arrangements avec un système pernicieux.

Que ce soit sur l’activisme de terrain ou politiquement dans l’exercice du pouvoir, nous écologistes n’y arriverons pas seuls. Il va falloir, au pire s’allier, au mieux converger avec d’autres forces.

Ce qui est certain, c’est que nous ne changerons rien de tangible avec des maires de droite qui consentent à servir des produits bios dans leurs cantines et inaugurent quelques jardins partagés mais défendent le capitalisme et sa logique marchande, inégalitaire et prédatrice. Nous ne sauverons aucun dixième de degré de réchauffement avec les libéraux non plus tant les fondements de leur dogme portent en eux la destruction inévitable de la planète, des protections sociales, des services publics et des solidarités.

C’est avec la gauche radicale qui s’écologise de plus en plus que nous avons vocation à gouverner. Et pas que.

Il faut, et c’est urgent, construire un archipel politique pluriel qui relierait les luttes aux expérimentations locales, les fronts aux friches, aux cabanes, aux ronds-points, aux tiers-lieux, aux ZAD, à tout ce qui court-circuite la course infernale et recrée du possible, de l’espoir, du lien et du soin.

Ne nous trompons pas de batailles. De par nos parcours militants, nos chemins de vie, nos rencontres, nous portons des projets différents sur certains points, c’est évident. Mais nous naviguons vers le même horizon de jours plus heureux. Nous devons apprendre à nous parler, à nous connaître et à nous comprendre. Nous nous disputerons peut-être et tenterons sûrement de nous convaincre mutuellement. Mais surtout, nous le ferons ensemble.

Voilà la voie sur laquelle nous devons nous engager.