CORONA Coup d’arrêt

CORONA Coup d’arrêt

Tout commence, au mois de décembre 2019, dans une obscure et lointaine province de Chine (Hubei). Rien d’alarmant. Quelques cas ici et là. Quelques décès. La Chine d’abord, puis la Corée du sud, le Japon, Hong Kong, Singapour, la Thaïlande. Puis les évènements s’emballent et la crise sanitaire, qui semblait devoir être circonscrite à quelques pays d’Asie, devient en quelques semaines une pandémie, un évènement sans commune mesure avec les crises sanitaires des dernières années.

 

A
ujourd’hui l’espèce humaine retient son souffle, comme suspendue au dessus de l’abime, sans certitude et sans boussole.

Comme si l’événement que nous vivons avait échappé à nos radars et nous rapprochait de la catastrophe planétaire dont les « collapsologues » nous rebattent les oreilles : plus de la moitié de l’humanité confinée, villes désertées, activités productives interrompues, bourses affolées, magasins alimentaires dévalisés, responsables politiques déboussolées…

Jusqu’à quand ? Personne ne saurait le dire. Coup d’arrêt général. Finis les critères de Maastricht, finie pour un temps l’arrogance de nos dirigeants, stoppée la réforme des retraites, reportés les examens nationaux ou l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance chômage. Quelque chose semble s’être déréglé, là, soudain, dans cette belle mécanique des flux mondialisés, des traités de libre échange, du tourisme de masse et des voyages low cost, de la division internationale des processus productifs et des délocalisations. Parenthèse ou avertissement ?

Après Ebola, Chikungunya, Sras, Mers et tutti quanti, Covid-19 nous donne à voir, en quelques semaines, une humanité désemparée et vulnérable, ayant perdu ses assises et découvrant ou redécouvrant des mots que nous ne connaissions pas ou que nous avions oubliés : quatorzaine, confinement, distanciation sociale, létalité, chloroquine, des mots étranges, venus d’on ne sait où, et psalmodiés frénétiquement par toutes les chaînes d’information.

Comment, dès lors, ne pas être affectés par ce qui nous arrive ? Ne pas trembler pour soi-même et pour ses proches ? « Nous sommes en guerre » nous dit-on. Quelle guerre ? Une guerre sans ennemi, sans armée, sans stratégie ? Une guerre à Covid-19, une guerre à l’invisible, aux pangolins et aux chauves souris, nos nouveaux seigneurs de la guerre ? Est-ce bien sérieux ?

Ne s’agit-il pas plutôt de nous enfermer dans la nasse de l’Union sacrée, de la mobilisation générale et des lois d’exceptions, des 35 heures devenues 60 heures, de la traçabilité et du contrôle social ?

Tout est en place, en effet, les technologies, les peurs, les lois d’exception devenues, sans qu’on y prenne garde, des lois ordinaires. N’avons nous pas déjà choisi : la sécurité plutôt que la liberté ? Ce qui s’expérimente aujourd’hui, grandeur nature, est une sorte de distanciation sociale à l’échelle planétaire, de retour à l’Etat-nation et aux frontières, à la mise à distance « soft » des autres, au confinement de l’espèce humaine. Prenons y garde.

On entend dire que rien ne sera plus comme avant, que le temps d’après n’aura plus rien à voir avec le temps d’avant. Rien n’est moins sûr. Voyez Amazon, voyez Airbus industrie, voyez les tensions au sein du groupe Lagardère, voyez les atteintes au droit social, toute la machinerie à concasser le monde qui n’attend que la reprise. Il faudra être plus que vigilant, demain, si nous voulons que ce coup d’arrêt ne soit pas un coup pour rien.

 

C’est quoi Le Bruit des Arbres ? C’est qui ce journal ?