Handicap, priorité du quinquennat, mes fesses !!!

Handicap, priorité du quinquennat, mes fesses !!!

La cinquantaine depuis quelques semaines, en situation de handicap depuis bientôt quinze ans pour une maladie génétique rare et invalidante, je perçois l’Allocation Adulte Handicapé (AAH). 50 ans, pas de Rollex, je devrais avoir raté ma vie ; pauvre, je devrais être sans dents, ça viendra, et maintenant il faudrait voir à se bouger pour travailler, puisque ce serait le seul « modèle ».

M
onsieur Emmanuel Macron a voulu faire du handicap, une priorité de son quinquennat. Pour l’instant je n’ai vu comme positives que quelques mesures pour l’accès au travail de certaines personnes en situation de handicap, mais attention, la culture du mérite appliquée au handicap n’est-elle pas en soit discriminante ? Qui peut croire que toutes et tous pouvons accéder au travail, quand les personnes handicapées sont deux fois plus impactées par le chômage…

En situation de handicap et sous le seuil de pauvreté

Par contre la liste des « Macronades » contre les personnes en situation de handicap nous est tombée dessus en pluie plus ou moins fine. Il y a eu l’annonce de l’augmentation importante de l’AAH, soit de 50 euros au 1er novembre 2018, et bientôt, ce que vient d’annoncer la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, une « avancée énorme » de 40 euros au 1er novembre prochain. Tout en taisant la désindexation de cette allocation sur l’inflation, comme pour les retraites, mais là, dans l’indifférence générale. Actuellement de 860 euros, elle sera portée à 900 euros en novembre, laissant toujours les personnes en situation de handicap sous le seuil de pauvreté (1026 euros en 2019, 60% du revenu médian).

Tout cela ne suffisait pas, le Président de la République et son gouvernement ont supprimé le “complément de ressources” pour les nouveaux ayants-droits, et prolongé pour dix ans pour ceux le percevant déjà. Ce complément de ressources est donné aux personnes ayant une capacité de travail inférieur à 5 %, ce qui représente déjà une faible compensation de ne plus pouvoir travailler, ou même se faire un jardin de subsistance… Il représente 179,31 euros, alors que la Majoration pour Vie Autonome qui s’y substituera est de 104,77 euros, une paille pour nos gouvernants, 75 euros, c’est un gros panier alimentaire pour nous !!!

Remboursement de la dette sociale sur les aides sociales, rien ne va plus !

Sachez aussi qu’au delà des cinq euros de baisse d’aide au logement (sauf chez les bailleurs sociaux qui pour compenser ont baissé d’autant les loyers), j’ai vu récemment que l’on me retirait 40 centimes par mois sur mon aide au logement, montant faible, je n’en ai pas cherché la raison tout de suite, elle m’est arrivé par courrier quelques jours plus tard. La justification : « contribution au remboursement de la dette sociale », vous vous souvenez ?, la mesure de Juppé pour éponger la dette de la sécurité sociale en cinq ans… Non seulement ce prélèvement perdure, mais est maintenant retenu sur des aides sociales ou minima sociaux. Loin de l’idée des pères fondateurs de notre système de protection sociale, désolant de médiocrité quand on voit les grandes entreprises nationales ne pas payer ou peu l’impôt, le montant sous évalué de la fraude fiscale, et les dispositifs « qui ne prêtent qu’aux riches », et qui toujours creusent encore plus les écarts, désolant !!!

Il ne faudrait pas oublier non plus l’augmentation de la CSG, comme pour les retraités, sur les pensions d’invalidités, dans l’indifférence générale ; les retraités sont en train de la récupérer, pas sûr pour les pensionnés moins bruyants et visibles…

Vigilance ! Bientôt le « revenu de base »…

Et la prise en charge des revenus du conjoint dans le calcul de l’AAH n’a que peu évolué, le gouvernement considérant encore que l’AAH est un minima social qui viendrait en complément de la solidarité familiale (je croirais entendre les voix noires d’un autre parti français…) simplement honteux et contraire à l’esprit de la “loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées” ; alors que nous proposons une déconjugalisation des foyers fiscaux, la personne handicapée n’ayant pas à dépendre de l’argent de poche que peut lui laisser ou pas son/sa conjoint.e, car sinon, le principe d’émancipation de chacun est bafoué.

Un dernier point sur les ressources : alors que les écologistes défendent le “revenu de base universel”, et travaillent à en faire un outil de justice sociale et d’émancipation, le gouvernement prépare un « revenu de base » ne sachant à qui et à quoi il va s’attaquer. Je nous invite à être vigilant.e.s et prêt.e.s à réagir sur ce projet, nous aurons à vous en reparler…

Du côté de l’accessibilité, qu’est-ce que ça dit ?

Et puis, après des années de patinage sur l’accessibilité par les sénateurs conservateurs de l’époque Chirac et Sarkozy, les Ad-Ap (Agenda d’accessibilité programmé) de Hollande, rajoutant encore des échéances supplémentaires à la mise en accessibilité de la cité. Aujourd’hui, le gouvernement de Monsieur Macron a fait voter la loi ELAN, loi devant simplifier un certain nombre de normes dans le secteur du logement, de l’aménagement et du numérique. Quoi de plus simple pour cela de revoir l’accessibilité à 100 % des logements neufs et de la redescendre la norme à 20 % de logements accessibles. Le résultat concret pour les personnes en situation de handicap, sera d’abord de continuer à souffrir de manque d’offres de logements, et de ne plus pouvoir réellement choisir, d’être le plus souvent cantonnées aux rez-de-chaussées, et de ne plus pouvoir ré-envisager la visitabilité de la famille, des amis, mais ils n’ont décidément rien compris, sauf des sirènes du lobby immobilier.

Il resterait bien des « Macronades » à lister, nous y reviendrons sûrement, mais la liste est longue… Un dernier sujet qui me tient à cœur est à évoquer aussi.

Situation sanitaire : danger ou abandon ?

La situation de prise en charge sanitaire des personnes en situation de handicap, qui avait un jour été bien pensée, pour l’efficience de la prise en charge, même longue, et pour le résultat d’autonomie qu’elle apportait. Aujourd’hui, et depuis plusieurs gouvernements successifs, le parti est pris, sans autre cap politique que la rentabilité immédiate d’un établissement de santé, sans la prise en compte des reste à charges futurs des personnes handicapées, des départements qui en ont la charge, et des frais de la sécurité sociale. Pour exemple, un accidenté de la vie avec blessure de la moelle osseuse, sera pris en charge trois mois pour une paraplégie, six mois pour une tétraplégie. Ensuite, le secteur ambulatoire, des infirmier-e-s, masseurs-kinésithérapeutes, médecins traitants non spécialisés prendront le relais avec leurs petits moyens, laissant des patients privés d’équipes pluridisciplinaires, de praticiens non conventionnés par la sécurité sociale comme les ergothérapeutes pourtant faisant parti intégrante de l’aide à l’autonomie. Les personnes handicapées se retrouvent à devoir faire eux mêmes les synthèses médicales et la coordination des praticiens. Ceci aura un coût à posteriori, financier bien sûr, mais aussi humain : handicapés, nous ne naissons pas médecins !!! Le sentiment global est celui de l’abandon organisé par l’Etat de notre droit aux soins qui nous sont nécessaires et très souvent spécifiques, organisation désormais déléguée à ses Agences Régionales de Santé, devenues des Etats dans l’Etat, où selon les régions, il peut se passer le pire comme le meilleur, organisation échappant totalement à la sphère politique, après en avoir écarté la démocratie sanitaire.

Loin d’être une cause défendue, pour M. Macron, le handicap, ça…

Le constat est sévère, les français ne s’y trompent d’ailleurs pas, exprimant à 89 % des personnes sondées ne pas faire confiance à ce gouvernement pour la prise en compte des personnes handicapées.

Ecologiste, je ne peux que dénoncer ces errances, qui abaissent les personnes plutôt qu’elles ne les élèvent, qui ne font pas le pari de la richesse de la diversité, qui ne prennent pas comme priorité le traitement des plus fragiles de notre société, alors que la société entière espèrerait plutôt voire se mettre en place une grande bienveillance à l’égard des minorités qui souffrent.

Le Président de la république aurait pu déclarer comme Nicolas Sarkozy à son époque à propos de l’écologie, « le handicap, ça commence à bien faire », nous aurions mieux compris la portée de ses mesures…