Macron prend aux pauvres pour… donner aux pauvres !

Macron prend aux pauvres pour… donner aux pauvres !

Avant-propos : après le discours de politique générale du Premier ministre laissant entendre qu’il renonçait à la fonte des minimas sociaux, je me suis dit que devais retirer cet article. Le lendemain, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, annonçait sur CNews qu’elle avait plusieurs dossiers importants sous le coude pour les mois à venir, dont le Revenu universel d’activité (RUA)… Je pense donc que cette information vous sera utile et que nous devons rester vigilant.e.s.

D
ans mon précédent article, “Handicap, priorité du quinquennat, mes fesses !!!”, je vous disais devoir nous méfier de la création prochaine d’un revenu de base par le gouvernement, nous y sommes déjà. Le gouvernement commence à esquisser ce que devrait être son “revenu universel d’activité”, et c’est dans la pure lignée de ce que l’on pouvait en attendre, sa mesure permettrait d’économiser 1,5 milliard d’euros, et donc de financer les 3/4 des 2 milliards de prévus pour le plan pauvreté. Nous avons vu le président prendre l’argent des pauvres et le donner aux riches, maintenant il prend toujours aux pauvres pour donner aux plus pauvres, jusqu’où ira sa politique libérale ?

 

Un revenu universel d’activité qui n’a rien d’universel

Un revenu qui n’a d’emblée rien d’universel, puisqu’il n’est pas prévu d’être versé à toutes et tous, rien d’universel non plus, car par définition, l’universalité se refuse à conditionner son attribution, alors mensonge voire double mensonge ?

L’intention serait de fondre les Revenu de Solidarité Active (RSA), la Prime à l’Activité (PA), en un seul revenu, en y ajoutant les Aides Personnalisés au Logement (APL) déjà bien rabotés, l’Allocation de Solidarité aux Personnes Agées (ASPA), l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH), l’Allocation Supplémentaire d’Invalidité (ASI), et même l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS) pour les chômeurs en fin de droits. Minimas sociaux et aides sociales qui n’ont rien à voir entre elles/eux, des problématiques de publics bien différents, avec des capacités d’insertion ou pas au monde du travail bien différentes aussi. C’est aussi ignorer ceux qui ne peuvent plus travailler, comment peut-on envisager de faire travailler personnes âgées ou handicapées déjà en difficulté sociales, de santé, ou de grand âge ? Cette politique est non seulement injuste ou productrice d’injustices sociales, elle est surtout discriminante, une fois de plus nous savons pour quelles castes le président travaille.

Et pourquoi y mettre les aides au logement sinon pour exclure ?

En y mettant les aides au logement, comment seront aidés les personnes étudiantes, travailleurs précaires et chômeurs, femmes isolées pour payer leurs loyers, ne pouvant prétendre à ce revenu ? Pour rendre les aides sociales plus efficaces, il faudrait augmenter le RSA, lutter contre son non-recours, et augmenter l’APL, et ne pas fusionner RUA et APL.

Les loyers ayant augmenté de 40 % en moyenne en 10 ans selon l’OFCE, l’APL évoluera-t-elle en fonction des loyers ou le mouvement amorcé dans le Projet de Loi de Finances 2019 avec la désindexation de l’APL par rapport à l’inflation se poursuivra-t-il ?

On ne connait pas encore les compensations à faire valoir pour les éventuels ayants droit, mais tout porte à croire que le suivi sera orienté exclusivement sur l’insertion dans l’emploi, et que les modalités appliquées aux demandeurs d’emplois pourront être retenues (suspension d’aide en cas de plusieurs refus de travail ou d’offres d’insertion).

Cynique vision de la pauvreté, de ses causes, de ses contraintes, quand le gouvernement continue à faire l’aveugle sur l’évasion et la fraude fiscales, la non taxation du kérosène, entre autres actualités fiscales.

Dans la même sombre perspective, si le but à terme est de supprimer les APL, comme le laisse penser la réduction de 50 euros d’APL déjà amorcée en 2018, cela ne sera pas sans réduire à la fois la construction de logements sociaux et l’entretien du parc existant. Le logement social deviendra donc un logement à bas coût, dégradé, voire indécent ou insalubre.

Rappels historiques, savoir d’où l’on vient…

Selon l’article 5 du préambule de la Constitution de 1946 : « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi », mais cela ne veut pas dire que chacun doit obligatoirement travailler, Pôle Emploi en serait bien embarrassé… Il nous faut sortir de ce schéma où chacun doit se réaliser par le travail, alors qu’il faudrait peut-être penser à plus le partager, à partager davantage le fruit de ses richesses, et prévoir la solidarité pour ceux qui ne le peuvent pas ou plus, pour ceux qui se réalisent et se révèlent autrement. Pour exemple, ne pouvant plus travailler, j’ai choisi de m’occuper et partager de mon temps en faisant de la politique, la politique n’est a priori pas un travail, même si certains y font pourtant carrière, elle doit être et rester pour l’engagement pour l’intérêt général. Bénéficiaire de l’Allocation Adulte Handicapé, bénévole dans tous mes engagements, il me semble me rendre utile, et libre, sans besoin que l’on me mette une carotte tel que l’on ferait devant un âne…

Comment peut-on imaginer de façon si simpliste faire table rase de minimas sociaux dont leur genèse vient de l’article 11 du préambule de la Constitution de 1946 : « Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ». Dans le même temps était fondés les principes de la Sécurité Sociale, elle aussi de plus en plus attaquée par les mesures libérales. Le principe de solidarité reposait uniquement sur le travail, ceux qui travaillaient cotisaient pour tous, malades ou pas, pour tout le monde, nous nous en éloignerons de plus en plus si nous nous en insurgeons pas. Loin du modèle universel dont il porte indignement le nom, ce revenu n’est en fait, qu’un leurre, une série de contraintes, remettant l’homme au service de la production, en faisant fi de son pouvoir d’agir.

Aujourd’hui, le système libéral en place se garde bien de faire cotiser davantage les grosses entreprises, les capitaux, comme les transactions boursières pour rééquilibrer notre système social, qui fait pourtant encore tant d’envieux dans bien des pays dits développés.

Savoir d’où l’on vient, pour savoir où nous voulons aller…

Les écologistes proposent un revenu de base universel, en l’état actuel des choses, il est difficile de dire s’il serait la panacée, s’il permettrait de simplifier les minimas sociaux, si les effets de seuils au-delà duquel il serait repris par l’impôt ne créeraient pas de nouvelles injustices sociales. Ce sujet est compliqué, il demanderait, comme le proposent les écologistes, de l’expérimenter, d’évaluer sa portée, d’évaluer ses effets, ses travers.

Il existe une différence très grande entre la politique de solidarité d’Emmanuel Macron et celle des écologistes, ainsi les combats pour la nature, la planète, le vivant, pour le mieux être et le mieux vivre, bénéficient à toutes et tous, quels que soient leurs origines, conditions sociales et de santé, voire de handicap. Nous ne sommes pas tous peut-être bien né-e-s, mais les écologistes que nous sommes défendrons toujours le droit à l’égalité des droits et des chances, et notamment des plus fragiles. Qu’on se le dise !!!