Le Bruit des Arbres – Opus de juin 2019

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Jusqu’à présent, lecteur, suivant l’antique usage,

Je te disais bonjour à la première page.

Mon livre, cette fois, se ferme moins gaiement ;

En vérité, ce siècle est un mauvais moment.

Tout s’en va, les plaisirs et les moeurs d’un autre âge,

Les rois, les dieux vaincus, le hasard triomphant,

Rosafinde et Suzon qui me trouvent trop sage,

Lamartine vieilli qui me traite en enfant.

La politique, hélas ! voilà notre misère.

Mes meilleurs ennemis me conseillent d’en faire.

Être rouge ce soir, blanc demain, ma foi, non.

Je veux, quand on m’a lu, qu’on puisse me relire.

Si deux noms, par hasard, s’embrouillent sur ma lyre,

Ce ne sera jamais que Ninette ou Ninon.

 

Alfred de Musset

1810-1857

Maintenant, les champs se lèvent pour le combat du peuple de la vie, contre la société des faiseurs de mort. Nous sommes une immense forêt en marche. Nous emportons lourdement avec nous nos délices et nos terreurs; notre implacable férocité et la douceur de nos mains de feuilles.

A mesure que nous avançons, les états civilisés fourmillent devant nos pas de monstres en fuite. Des lois de désespoir font tournoyer autour de nous de fausses tempêtes, de fausses saisons, de fausses nuits, mais rien, sauf la loi du monde, ne peut arrêter la germination des graines et la marche de la forêt.

 

Jean Giono

1895-1970

Les hommes n’ont plus le temps de rien. Ils achètent des choses toutes faites chez des marchands. Mais comme il n’existe pas de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis.

 

Antoine de Saint-Exupéry

1920-1944