Ça va glousser en bas de chez vous !

Ça va glousser en bas de chez vous !

Un poulailler au bas de votre immeuble, dans votre quartier ou votre village pour diminuer l’impact de vos déchets putrescibles sur l’environnement et votre taxe “ordures ménagères”, réduire votre empreinte carbone et… vous donner œufs et engrais, sympa, non ? Nous vous faisons ici une proposition concrète pour l’écoconfectionner à bas prix !

P
our un petit poulailler individuel, je vous conseille d’aller voir des vidéos sur le net qui vous permettront de comprendre et de faire vous même, avec le plus souvent du matériel de récupération, plutôt que d’en acheter un tout fait et cher dans un magasin spécialisé. Pour une famille, deux à cinq poules suffisent amplement, selon votre foyer. L’abri consacré peut rester de petite dimension : une palette au sol (mais mise sur pilotis de 50 cm environ), suffit amplement, reste « l’habillage ».

 

Je vais plutôt vous proposer la construction d’un poulailler collectif, pouvant répondre aux besoins d’une résidence, d’une cité.

Je suis parti d’un exemple de base qui pourra s’adapter à vos conditions : importance du poulailler, matériaux, conditions climatiques.

La construction que je vous propose est pensée pour une facilité d’usage et d’entretien, dans un modèle où la récupération des matériaux doit primer sur l’achat autant que faire se peut. L’achat du grillage à poule sera difficilement contournable.

J’habite une résidence de 60 foyers, je proposerais donc un poulailler pouvant recevoir une soixantaine de poules, mais n’en prévoyant que 30, pour commencer raisonnablement, et permettre à chaque collectif, de réajuster selon les besoins et les apports d’aliments qui éviteront la poubelle, le grain que vous devrez donner pour compléter leur ration alimentaire journalière, et la production d’œufs. Sans leur prévoir un « loft », de manière générale, vous prendrez toujours moins de risque à prévoir l’abri des poules trop grand, plutôt que trop petit : plus elle seront concentrées dans un espace, plus elles risqueront maladies et parasites . Il est bien entendu que nous proposons cette construction avec un parcours extérieur clôturé et protégé des prédateurs ou des chiens. A vous d’adapter les dimensions en fonction de l’importance de votre collectif..

A savoir avant de commencer : les poules n’aiment pas les courants d’air, ni l’humidité. Elles ont besoin de dormir perchées. Il leur faut des pondoirs plutôt dans l’ombre qu’en pleine lumière, de la lumière naturelle pour pondre, un parcours pour manger vos déchets, gratter et ingérer du sable ou des petits cailloux, (qui, dans leur gésier -leur estomac- aident au broyage des aliments comme les graines), et de la cendre aussi qui leur permet de se débarrasser de bien des parasites (un bac ou un trou à l’extérieur et couvert peut faire « l’affaire »).. A l’intérieur du poulailler, attention aux poux des poules, pour cela, ne pas laisser d’interstices entre les boiseries, coller à la colle à bois ou recouvrir de peinture suffisamment pour ne pas laisser de creux, vous éviterez bien des infestations de cette façon. En cas d’attaque de poux, le terre de Sommière est un véritable remède écologique.

Sachez que les poules pondent plutôt le matin, et ne pondent plus après dix heures de lumière.

Le but étant de valoriser vos déchets de cuisine, je ne vous donnerai pas d’indication de quantité de nourriture à apporter : elles préféreront toujours vos apports au grain, même si elle en ont besoin pour équilibrer leur ration. Mettez leur des distributeurs automatiques de grains et d’eau permettant de garder ces grains dans de bonnes conditions sans être souillés, elles ajusteront elles-mêmes leurs besoins. Donnez leur des mélanges adaptés, ou simplement du blé et du maïs concassé (6 à 9 parts de blé pour une part de maïs concassé, à part, un broyat de coquilles d’œufs ou de coquilles d’huîtres), à ajuster selon les apports en « déchets ».

Passons à la construction

L’orientation du poulailler et de ses ouvertures est importante, façade ouverte à la lumière au sud, selon les régions, au nord notamment. Vous pouvez ajouter une fenêtre ou un puits de lumière à l’Est.

Prévoir une porte d’entrée pour l’alimentation de vos poules en grains et eau, le ramassage des œufs, l’entretien. Prévoir aussi des fenêtres qui s’ouvrent par l’intérieur , et une trappe pour les poules, pour aller et venir dans la journée, à refermer la nuit. Là je vous conseillerais un achat pratique et presque indispensable pour du collectif : il existe des mécanismes de fermeture de cette trappe qui se règlent soit à heures fixes, soit en fonction de la luminosité. Ils vous garantiront que matin et soir, les poules soient libérées puis enfermées. La construction des pondoirs peut se faire de telle sorte que vous puissiez ramasser les œufs de l’intérieur ou de l’extérieur, un choix à faire selon la confiance et les usages que vous mettrez en place avec vos voisins : trouvez ensemble les modalités de suivi de vos poules, d’entretien du poulailler, et la répartition des œufs ainsi produits.

Vous devrez prévoir une surface de parcours pour vos poules qui soit grillagée, et de préférence selon les lieux, sécurisée par un fil électrique et une batterie dont on se sert pour les clôtures, à 5 cm du sol, et 3 cm du bas de votre clôture en extérieur, et à 3 cm de votre grillage en haut de chaque poteau, toujours côté extérieur. J’ai expérimenté cette méthode dans un endroit sauvage, où les prédateurs en tout genre étaient nombreux, je n’ai eu aucune attaque ou intrusion en un an d’expérience. Par contre, nombreux sont les renards, les prédateurs qui nous étaient le plus visibles, que nous avons vu repartir déçus… En ville, faites plutôt attention aux chiens qui pourraient y voir de quoi jouer. Le fil électrique fera tout autant d’effet : pour ceux qui ne connaissent pas, la décharge n’est pas faite pour être mortelle, mais elle vous fait bondir et s’arrête avant de reprendre. Plus une sommation à ne pas y remettre une patte, qu’un objet de torture. N’ayez pas d’état d’âme à vous en servir, c’est aussi pour la vie sans stress de vos poules, ou leur survie.

Pour comprendre combien de mètres carrés doit faire le bâtiment, comptons qu’il faudrait dans l’idéal, un mètre linéaire de perchoir pour 4 à 6 poules, et que dans un premier temps, il faut prévoir de la marge pour augmenter l’effectif de poules au besoin. Nous compterons 3 poules par mètre linéaire, soit 10 mètres dans notre cas de figure. Pour faire des comptes ronds, comptons donc 3 perchoirs de 3,5 m à 4 m linéaires, à disposer parallèlement, le premier pas trop haut, puis monter les deux autres de 15 à 20 cm de plus en hauteur. Le perchoir le plus en haut sera donc sur le fond du poulailler, et près du toit.

Selon les régions, pensez à isoler plus ou moins vos parois et toitures. Là encore, récupération ou système D, selon que vous soyez aidé.e.s ou pas par un bailleur ou une collectivité dans votre projet collectif, voire même par le syndicat de gestion des ordures ménagères de votre secteur. Pensez à leur demander une aide financière, car votre projet les concernera aussi.

Avant de vous lancer dans la construction, allez plutôt voir dans des recycleries, ou dans les communautés Emmaüs, pour trouver une à deux portes, une à deux fenêtres à deux battants, peut être un bout de gouttière, des caisses en bois pouvant servir de pondoirs, peut-être même madriers et chevrons, etc…

Pour la construction des murs, choisissez des matériaux soit comme les briques creuses elles-mêmes au pouvoir isolant, que vous pourrez recouvrir à l’extérieur d’un enduit d’un mélange de terre, paille et chaux, et à l’intérieur, d’un simple lait de chaux. Mais ces briques sont onéreuses pour le logement de poules, je vous propose une technique de murs écologiques, le banchage d’un mélange de terre, copeaux de bois et chaux (les copeaux de bois peuvent être récupérés auprès des services d’entretien des routes qui broient les branches). Pour sécuriser vos murs des prédateurs « gratteurs », vous pourrez le doubler d’un grillage, vous permettant de vous aider à faire tenir l’enduit terre-paille-chaux que vous ferez dessus, ou pas. Si vous jugez que votre mur peut être joli sans enduit, insérez le grillage dans le mur banché.

Le banchage consiste à remplir un coffrage de planches, de ce qui composera vos murs, une fois vos murs secs, les planches de coffrage doivent être enlevées, vous pouvez donc monter petit à petit, pourvu que vous laissiez toujours un temps de séchage à la dernière phase de construction.

Pour le toit, faites un toit à un pan, moins cher et plus efficace pour l’architecture intérieure adéquate aux besoins des poules. La tôle ondulée ou les bacs acier sont d’un bon rapport qualité prix, mais vous devrez absolument isoler, soit avec des matériaux spécifiques, soit avec une épaisseur de paille, et du grillage, en pensant à laisser un espace d’air entre les tôles et la paille. Je vous conseillerais de faire un toit en planches de bois (même de la planche de palettes), clouer les tôles dessus, et en dessous, faire un capitonnage épais de paille, mélangée à de la chaux (contre les invasions de « vermines »), maintenu avec du grillage, dans ce cas le grillage à moutons dit aussi Ursus, peut suffire et coûte moins cher que le grillage à poules. Pour la surface de plafonds, n’achetez pas un rouleau, essayez de troquer des chutes, sinon prévoyez la surface à couvrir dans votre achat de grillage à poule pour l’extérieur.

Au sol, si vous en avez les moyens, vous pouvez bétonner, c’est plus facile à nettoyer, ou laisser la pleine terre, dans ce cas il faudra pailler et nettoyer plus souvent.

Avant de vous présenter le plan, la réflexion de la construction que je vous propose, tient compte de l’expérience d’agriculteurs qui ont expérimenté cette configuration, qui offre confort et hygiène aux poules, et facilité d’entretien et d’usage à celles et ceux qui s’en occupent.

Pour le plan, c’est intentionnellement que je vous donne des côtes adaptables et pas normées, partant sur l’idée de construction se servant de l’économie circulaire (reclycleries, Emmaüs, déchetteries même), je vous laisse donc adapter vos mesures aux matériaux que vous aurez trouvés, sans que les poules n’y souffrent d’un manque de confort, au contraire. Plus vous chercherez à adapter vos contraintes aux leurs, plus vous serez près de ce qu’il leur faut, selon où vous construisez. J’habite le sud de la France, je n’ai pas tellement à me soucier du froid de l’hiver, ou même de l’humidité (tout en prenant en compte les jours de très grandes précipitations, mais je devrai faire attention à l’isolation pour la chaleur de l’été. Dans le Nord, l’isolation sera tout aussi importante l’été que l’hiver. Sur leur parcours, prévoir autant que faire se peut des lieux d’ombrages, buissons, arbres ou abris de fortune abritant du soleil comme de la pluie. Les parcours réalisés sous les arbres ont montré leur intérêt.

Si la surface vous le permet, n’hésitez pas à leur faire un grand parcours entouré de grillage à poules, et si possible comprenant arbres et buissons, y compris buisson à fruits comme les framboises, groseilliers, cassis et autres petits fruits, elles profiteront des fruits les plus bas et de ceux qui tomberont, et vous des fruits les plus hauts quand vous rendrez visite à « vos poules collectives ». Prévoir pour le parcours, une porte d’entrée, et peut-être aussi une trappe d’apport de déchets, pour permettre à toutes et tous, de venir porter ses déchets sans forcément entrer dans le poulailler, et ainsi éviter de souiller ses chaussures tout en diminuant le risque d’apporter à vos poules des germes ou parasites extérieurs.

Voir plans suivants

2,2 m de haut façade Nord et sans ouverture, 1,70 à 1, 80 suivant le besoin de pente du toit pour la façade sud avec fenêtres grillagées de l’extérieur et pouvant s’ouvrir de l’intérieur, trappe d’ouverture pour les poules de 30 cm de large et 50 de hauteur, que je vous conseille d’équiper d’un système automatique d’ouverture et de fermeture, ouverture placée à 50 cm du sol. Disposer un plan incliné, à l’extérieur comme à l’intérieur pour permettre à vos poules d’aller et venir.

3 m en largeur et 5 m en longueur suffiront pour ce bâtiment. Ces dimensions peuvent être adaptées à la longueur des matériaux de couverture que vous choisirez.

Pour les perchoirs, choisissez des bois plutôt carrés et pas trop fins. Si vous ne bétonnez pas le sol, même sous les perchoirs où le grillage ne leur permettra pas d’aller, mettez un lit de paille pour retirer les fientes. Le moment venu, vous aurez la matière pour un bon compost enrichi. Paillage tout aussi important où elles pourront aller, pour pondre ou manger. Mettre les abreuvoirs et mangeoires un peu en hauteur pour qu’ils ne soient pas souillés trop vite : les poules grattent, trient et gaspillent si c’est trop à portée de pattes…

Lancez l’idée auprès de vos voisins, évaluez l’intérêt, faites vous aider des bailleurs, collectivités locales, et lancez-vous !